19.2.08

L'art du brouillage

Qu'il s'agisse de protéger des données sensibles ou de passer inaperçu, il peut s'avérer fort utile de pouvoir disposer d'une belle nappe de brouillard, permettant de vaquer à ses activités à l'abri des regards indiscrets. A vrai dire, les cas de figure où cette application peut rendre d'inestimables services ne manquent pas.
Imaginons que vous croisiez un collègue dans la rue, alors que vous êtes supposé être au lit avec une forte fièvre. Un petit spray de brouillard et l'affaire est réglée !
Vous pourriez aussi souhaiter échapper pendant quelques heures à la vigilance des moteurs de recherche pour des motifs plus ou moins avouables. Or les ordinateurs, c'est bien connu, sont incapables de se repérer dans le brouillard !
Voici donc la formule magique du brouillard. Nous vous conseillons cependant d'effectuer quelques exercices pratiques avant de vous livrer à des opérations en grandeur réelle. N'oubliez pas qu'un brouillage habilement distribué vaut tous les cryptages ... à bon entendeur, salut !


métadonnées : zarbi

14.2.08

W3C : l'effet dark design

Qui se cache réellement derrière le consortium industriel World Wide Web ?
Se présentant lui-même comme ayant été créé pour "mener le Web à son plein potentiel en développant des protocoles communs qui facilitent son évolution et assurent son interopérabilité", le W3C est un club très opaque. Parmi les "services" qu'il propose, il y a "la mise en place de diverses applications prototypes visant à démontrer l'utilisation des nouvelles technologies et la mise en oeuvre de logiciels permettant d'incorporer et de promouvoir les standards". C'est ce dernier point qu'il convient d'examiner avec la plus grande attention : en effet, sous le label trompeur de "recommandations", le W3C ne fait que dicter ses propres normes à tous les développeurs et webdesigners de la planète.

Maintenant, respirez un bon coup, et supposez l'espace d'un instant qu'ils sont déjà parmi nous ...
Leur mode de pensée, leurs motivations et leur véritable identité relèvent largement du domaine spéculatif. On peut cependant présumer qu'ils rencontrent certaines difficultés à apréhender nos comportements impulsifs, notre émotivité et nos modèles culturels hétéroclites. Pour des motifs qui nous échappent (ou peut-être pas !), ils ont entrepris une analyse systématique de nos processus cognitifs. Afin de réaliser ce vaste projet, ils se constituent en consortium occulte, créent le web et nous l'offrent comme nouveau terrain de jeux. Naïvement persuadés que cet espace est fait à notre mesure, nous y exposons jour après jour notre monde intérieur et y laissons en toute bonne foi des traces aussi repérables que des rails de chemin de fer. Sans y être contraints, nous dévoilons avec complaisance nos mécanismes psychiques et mettons beaucoup d'entrain à déployer toutes les modalités des passions qui nous animent :
  • la curiosité (je cherche, j'apprends, je fais émerger de nouvelles connexions cognitives)
  • le jeu (je me mets en état de cohérence quantique)
  • la créativité (je développe des concepts originaux)
  • l'exhibitionisme (j'attire l'attention)
  • la compétitivité (je me crois plus malin que les autres)
  • la cupidité (et si j'ajoutais une bannière publicitaire, si j'ouvrais un site de poker ou de tarots en ligne ?)
  • l'humour (mieux vaut en rire qu'en pleurer)
  • les pulsions destructrices (hacking & cracking de type black hat, spam, sexe non consenti, contrôle malveillant, etc.)
  • la sauvegarde de l'intérêt général (hacking & cracking de type white hat, logiciels gratuits (non piégés), didacticiels, partage de fichiers, mises en garde, etc.)
  • la paranoïa (conspiration, sécurité, anti-virus, pare-feu, etc.).

Bref, ce que nous prenons pour un parc d'attractions illimité et interactif n'est que la face apparente d'un laboratoire d'études à l'échelle planétaire. Notons en outre que les expérimentations se font dans les meilleures conditions possibles et sans aucune cruauté, puisque les sujets sont tous volontaires (bien qu'ignorants des enjeux supérieurs de l'opération).

Et la vie continue, avec ses hauts et ses bas. Jusqu'à ce jour où, débordant d'inspiration, vous voulez vous connecter à votre blog pour y noter quelques réflexions philosophiques de haut vol ... et vous chutez de haut : Access denied ! user : unknown, password : wrong !

Après plusieurs tentatives infructueuses votre hypertension prend l'ascenseur, mais vous parvenez à vous maîtriser suffisamment pour taper l'URL de votre blog dans la fenêtre du navigateur. Et là, vous vous mettez à rire doucement et vous vous versez un double scotch. Vous avez enfin compris !

Les idéogrammes d'une écriture non humaine défilent sur le fond d'écran, habillé d'une couleur inconnue. D'incompréhensibles géométries se forment et se déforment sur vos rétines. Une langue étrangère commence à s'insinuer dans votre cerveau et vous délivre par paquets des informations de niveau métaconceptuel. Avec lenteur et comme à contrecoeur, vous commencez à identifier des schémas (pattern recognition) et vous vous mettez à déchiffrer maladroitement. Vous avez besoin d'un autre verre ...

métadonnées : cognition, conspiration, zarbi

12.2.08

L'ivresse des profondeurs

Le professeur Riichiro Mizoguchi de l'université d'Osaka déclarait en 2004 à propos de l'ingénierie ontologique :

Le caractère "profond" signifie près de la "conceptualistaion fondamentale". Tourefois, il faut noter que la question - est-ce profond ? n'est pas une question appropriée. Il faut plutôt se demander : - existe-t-il quelque chose de plus profond ? La raison en est que le concept "profond" est relatif par sa nature. Une connaissance plus profonde explique pourquoi une connaissance de surface est plus "de surface", et explique également des phénomènes plus larges que la connaissance de surface ne peut le faire. En d'autres termes, "plus profond" signifie "plus près de l'essence". Les propriétés essentielles d'une chose sont le coeur de la conceptualisation ontologique. Par conséquent, plus cette conceptualisation est "profonde", plus elle est ontologique.

Cette définition permet de voir émerger les contours de certains aspects idéologiques du web sémantique. L'ordinateur n'étant pas en mesure de lire dans l'esprit humain, on crée des conditions telles que les humains livrent volontairement leurs pensées les plus intimes, sous une forme qui pourra être interprétée en langage informatique. D'où la multiplication de forums, de services de blogs gratuits, de réseaux relationnels, d'encyclopédies participatives du type Wikipedia, etc. Dans ce processus de révélation consentie, le web commercial ne représente que l'écume des vagues. Ce que recherchent en réalité les concepteurs d'ontologies et les développeurs de langages ontologiques c'est de comprendre les processus mêmes de la conscience, afin de pouvoir à terme les transférer à l'ordinateur. En définitive, les ontologies sont des transférables.

Mais que cela ne nous décourage pas de revenir à notre blog comme le fumeur d'opium à sa pipe, pour enregistrer les détours complexes de notre pensée. Ce n'est pas demain matin que l'ordinateur maîtrisera l'art de lire entre les lignes !
métadonnées : cognition, macrosémantique, ontologies, web sémantique

11.2.08

Jargon technocratique

Cette idée de piquer le concept d'ontologie à la philosophie pour en revêtir l'ingéniérie de l'intelligence artificielle est vraiment géniale.
Joli coup double : d'abord le roi est nu. Le philosophe grelotte, abandonné de tous, blessé dans son âme. Et surtout, le technicien de l'information et le mage des sciences cognitives se trouvent soudain auréolés d'un regain de respectabilité et de mystère. Il était temps : tout le monde ou presque pouvait ouvrir son blog, télécharger des fichiers sans passer à la caisse, voire devenir hacker ... ça ne pouvait plus durer.
Il convient maintenant de canaliser tous ces débordements, de modéliser les enthousiasmes et de récupérer les bons plans. La récréation est finie, nous passons à la vitesse supérieure (le web3, soit dit en passant). Après la démo, on va passer aux choses sérieuses - ou du moins, faire semblant.